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L’Échelle de performance CO2 séduit tant les entrepreneurs que les maîtres d’ouvrage

L’idée sous-tendue par ce concept d’Échelle de performance CO2 est aussi simple qu’ingénieuse. Les entrepreneurs qui réduisent leurs émissions de CO2 reçoivent un Certificat de performance CO2, qui leur permet de bénéficier d’une réduction fictive du prix de leur soumission dans le cadre d’adjudications publiques. « Les économies d’énergie, le choix des processus, le choix des matériaux, l’analyse des transports des marchandises, voire des personnes, … sont des points positifs qui permettent aux entreprises de construction de gravir un ou plusieurs niveaux sur l’Échelle de performance CO2 (échelle de 1 à 5). Au plus l’entreprise s’engage dans la réduction de ses émissions de CO2, au plus elle atteint un niveau élevé sur l’Échelle de performance CO2 et au plus la remise fictive du prix devient importante », explique Sylvie Loutz, chargée de projets en construction durable au sein de la Direction du Développement durable du SPW. « Actuellement, 25 projets pilotes — dix en Flandre, dix en Wallonie et cinq à Bruxelles — sont suivis afin de vérifier si ce dispositif pourrait à l’avenir être généralisé dans notre pays. Ces projets pilotes se poursuivront jusqu’en 2023. Ensuite seulement, une décision sera prise quant aux éventuelles modalités de généralisation de mise en œuvre de cette Échelle de performance CO2 ».

Echelle de performance CO2

Beau succès aux Pays-Bas

Le webinaire a été organisé par COPRO et avait pour objectif de présenter l’Échelle de performance CO2 à un large public du secteur de la construction et à partager les bonnes pratiques. Comme le concept récolte un grand succès chez nos voisins du Nord depuis douze ans et qu’il est désormais très largement présent là-bas dans le cadre des marchés publics, plusieurs intervenants hollandais nous ont rejoints. Annemiek Lauwerijssen, General manager chez S.K.A.O., le gestionnaire néerlandais du système a ainsi été invité à ouvrir les débats. « L’Échelle de performance CO2 est une véritable réussite aux Pays-Bas. Plus d’un millier de certificats ont été délivrés à quelque 3 500 organisations principalement néerlandaises, le secteur de la construction et des infrastructures y occupe la plus grande part du lion. Il est remarquable de constater que la majorité des détenteurs de certificats sont des petites entreprises. L’Échelle de performance CO2 ne concerne donc certainement pas que les grandes entreprises. »

Les entrepreneurs néerlandais ne sont pas les seuls à avoir été séduits. Plus de 150 maîtres d’ouvrage utilisent également l’Échelle de performance CO2 de manière structurelle pour les aider à réduire leurs propres émissions en CO2. « Ils ont été séduits parce que l’instrument est immédiatement utilisable et parce qu’il récompense et met au défi plutôt qu’il ne sanctionne. Diverses études ont montré que le nombre d’organisations certifiées avait augmenté rapidement après que les autorités publiques et d’autres donneurs d’ordre aient décidé d’inclure de manière structurelle l’Échelle de performance dans leur processus de soumission. Cela montre qu’il s’agit d’un outil très puissant permettant de promouvoir un mode de fonctionnement durable. » Les activités de S.K.A.O ne s’arrêtent pas à la Belgique. L'organisation sillonne l'Europe afin d’identifier de nouvelles opportunités pour la mise en œuvre du système. « Dans le cadre de nos recherches en Europe, nous tentons d’identifier  différents candidats potentiels et nous examinons ensuite avec eux comment il serait possible de lancer des projets pilotes qui feraient appel à l'Echelle de performance.»

Charlotte Pars est intervenue ensuite. Elle est responsable des procédures d’achats durables auprès de ProRail, le gestionnaire néerlandais du réseau ferroviaire.  C’est ProRail qui a été l’inventeur du système au Pays-Bas, en 2009. L’idée était de trouver un système qui puisse encourager l’adoption de pratiques durables de la part des entrepreneurs qui répondaient aux adjudications lancées par le gestionnaire du réseau ferroviaire. C’est ainsi que naquit l’échelle de performance CO2.
Elle précise : « Pour ProRail, les coûts associés à la mise en œuvre du système restent raisonnables, certainement en regard des résultats obtenus par les entrepreneurs principaux qui travaillent avec nous en matière de réductions des émissions de CO2. Ils ont réussi à les doubler par rapport à la moyenne constatée aux Pays-Bas.»

Récompenser au lieu de sanctionner

Après cette introduction générale, Sylvie Loutz, chargée de projets en construction durable au SPW et déjà citée plus haut, est venue exposer la position de la Région wallonne par rapport à l’Échelle de performance CO2. « Selon nous, les avantages de l’Échelle de performance CO2 résident dans le fait que tout le secteur de la construction est mobilisé. En outre, c’est un instrument simple, robuste et systémique pour les pouvoirs adjudicateurs. Pour les entreprises qui veulent aller de l’avant, l’Échelle de performance CO2 offre un cadre clair et sans ambiguïté. Il est parfaitement possible d’obtenir un certificat de niveau 3 en un an, le seuil de départ n’est donc certainement pas trop élevé. » Son exposé s’est terminé en faisant l’état de la situation des 10 projets pilotes wallons menés par différentes intercommunales, une société de logement et par le SPW Mobilité-infrastructures.

Aurélien Bernard, auditeur pour la certification de l’Échelle de performance CO2 chez COPRO, a décrit ensuite les exigences auxquelles les organisations devaient répondre pour obtenir un Certificat de performance CO2 ainsi que tout le processus de certification qui l’accompagne.

Exercice particulièrement utile

Le dernier intervenant du webinaire, Franky Van den Berghe, responsable du développement durable pour le groupe Willemen, a partagé ses expériences sur la récente mise en œuvre de l’Échelle de performance CO2 chez Willemen Infra. « Nous avons délibérément opté pour le niveau 3, avec l’intention de mettre d’abord au point nos processus opérationnels et de ne nous concentrer qu’ensuite sur le reste de la chaîne. C’était un exercice particulièrement utile pour cartographier nos flux d’énergie. Chez Willemen Infra, la part des des centrales d’enrobage représente plus de 50 % de l’empreinte CO2 totale. C’est donc également là que l’impact des mesures sera le plus significatif. »

Pour la période 2020-2022, Willemen Infra s’est engagé à réduire ses émissions de CO2 de 10 % par rapport aux émissions de l’année de référence 2019. « Au début de cette année, notre Certificat de performance CO2 pour le niveau 3 a été émis par COPRO. L’avantage lié aux critères d’attribution reposant sur une remise fictive est très intéressant, tout comme la réduction de nos coûts énergétiques grâce à la mise en œuvre de mesures visant à limiter notre empreinte CO2. Enfin, le certificat est également bénéfique pour l’image de notre organisation, notamment en termes de “Responsabilité sociétale des entreprises”. En tout cas, nous sommes ravis d’avoir franchi le pas ! »
« Willemen Infra s’attelle actuellement à passer du niveau 3 au niveau 4. Cela implique également la prise en compte de facteurs extérieurs à l'organisation. Il est ainsi nécessaire de fournir des informations sur les analyses de la chaîne d'approvisionnement, sur l’analyse du scope 3 et sur les exigences spécifiques en matière de transparence et de participation. »

 

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